LAÏCITE ET MORALE

Publié le par Guy PROUIN

DSC01044(F)Face aux risques que représentent le retour du sentiment religieux qui se manifeste à la marge par le fanatisme, la laïcité est le rempart qui peut préserver la paix social. Elle est brandi comme un étendard vers lequel converge encore aujourd'hui une opinion largement concensuelle. Toutefois, malgré cette unanimité, force est de constater que la laïcité cède du terrain sous la pression religieuse. On observe que des personnalités politiques par peur de l'islam se retranchent, pour se défendre, derrière l'identité religieuse chrétienne plutôt que derrière la laÏcité. Ce comportement de personnalités ouvertement républicaines et par conséquent laÏques est choquante. A la réflexion elle peut s'expliquer.
   Quels sont les arguements qui peuvent opposer un laïque aux religieux dont la puissance culturelle est sans commune mesure avec celle de la laïcité. La force des religions tient dans leurs traditions transmises grâce à une éducation active. Or cette éducation serait impossible si elles ne disposaient pas d'un système de valeurs complexes à transmettre et qui forme le moule des futures adultes. L'ensemble de ces valeurs porte un nom : la morale. Les laïques en décrétant que la morale est subjective se coupe l'herbe sous les pieds. Cette subjectivité interdit son enseignement dans les institutions publiques. Comme un être humain ne peut pas vivre sans un système de valeur, l'individu se crée son propre système sous l'influence de la famille et celle de son environnement. Il est ainsi soumis à l'arbitraire religieux ou au conditionnement des médias, transmetteurs, des valeurs du libéralisme sauvage. Dans ces conditions, la laïcité n'est plus qu'un mot, un idéal dont le contenu reste virtuel.
   Les laïque ont-ils raison de considérer la morale ou plus précisément le bien et le mal comme des notions purement subjectives ?
   La légitimité de la morale peut avoir deux fondements : la foi ou la raison. Laissons la foi aux religieux et examinons si la morale et la raison sont conciliables. En dehors d'un contexte religieux, les notions de bien et de mal surgissent dés l'instant où l'on conçoit un projet. L'ensemble des comportements qui contribueront à sa réussite seront "bien". Ils forment ce qu'on appelle l'éthique d'un projet. l'éthique du randonneur à cheval se définit par rapport à son projet de vouloir se promener sur une large étendue géographique et dans la sécurité. Si l'ultime projet d'un être humain est de vivre et de pérenniser son espèce, alors sa raison déduit des règles et des valeurs qui ne sont pas subjectives à condition de fuire toute idéologie. Le conditionnement par l'éducation à la morale laïque n'est pas une prison. Au contraire, elle définit l'espace de liberté maximum qu'un être humain peut disposer. Au de-là de sa frontière, on rencontre la souffrance et la mort prématurée. Cette espace, accepte toutes les cultures et les religions qui adhèrent à la plateforme de valeurs de la laÏcité. Qui me contredira ?

Publié dans Opinion d'un moraliste

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