3 - Cohérence entre nature et culture ?

Publié le par Ya Santal

La nature vivante se distingue de la nature minérale par deux caractéristiques : la reproduction et la finalité de son existence.
   Les êtres vivants ont la capacité à se reproduire par eux-mêmes par la copie et la transmission de l’information moléculaire qu’ils portent en eux. Par le jeu de la sélection naturelle, seuls les individus adaptables survivent et transmettent aux générations suivantes, les caractéristiques génétiques qui les ont sauvés. Cette sélection a rapidement produit des êtres vivants dont l’organisation biologique était dotée d’un ensemble de moyens physiques et énergétiques propres non seulement à assurer leur survie mais aussi à la défendre coûte que coûte. Leur réaction face au danger confirme la réalité d’une pulsion de vie qui les pousse à vivre. La vie veut vivre pour nulle autre raison que de faire durer son existence dans son intégrité. Cette constatation révèle une loi fondamentale du vivant. Alors que dans le monde minéral, la durée est la condition de l’existence, dans la biosphère, elle devient une finalité.
    Parmi les espèces animales les plus évoluées, l’une d’entre elles, l’espèce humaine, se différencia par une hypertrophie du cerveau. Avec la capacité d’invention que lui a procurée cet organe, l’homme a ravi à l’environnement la maîtrise de son destin.
   Sa puissance intellectuelle l’a quasiment affranchi de la loi de la sélection naturelle. L’environnement a cessé pour lui d’être un facteur de sélection déterminant, les sciences se chargeant de réduire les déficiences naturelles et les blessures accidentelles.
Sa maîtrise dépassant celle de sa propre évolution lui a donné le pouvoir de mettre un terme à l’existence même de son espèce. Émancipé du corset alimentaire et reproductif qui limite le sens de la vie animale à sa propre pérennité, l’homme a vu sa liberté s’étendre au point de pouvoir agir à l’encontre même des lois qui l’ont fait naître. L’homme peut consciemment être à l’origine de sa propre disparition. Mais ce destin funeste n’est pas forcément une fatalité.
    En effet, si l’on voit dans cette liberté une rupture avec la nature, celle-ci n’est pas dans l’absence de cohérence de la culture, mais seulement dans la possibilité de son manque. L’homme peut volontairement ou, par inconscience, rompre avec le sens naturel de la vie qui est de durer, mais les hommes individuellement, dans leur plus grande majorité, ne le souhaitent pas.
   Qui peut réfuter l’idée que les êtres humains  ne sont pas accrochés à leur vie comme à celle de leurs enfants et que par conséquent, ils souhaitent un long destin à leur propre espèce. Cette volonté de vivre et de pérenniser l’espèce est incontestablement l’expression de la pulsion de vie naturelle que l’on observe chez tous les vivants. Dans la nature, cette énergie créative participe à l’évolution des espèces par sa soumission aux lois biologiques et écologiques. Dans l’espace culturel, si la liberté échappant à ces lois, n’est pas limitée par des règles appropriées l’action humaine perd sa cohérence avec celle de la nature.
   La communauté de sens entre celui de la nature vivante qui est de durer et celui de la culture qui s’exprime par l’amour de l’homme pour sa vie légitime le projet de fonder le sens de tous nos comportements sur le respect de la vie humaine.
   À un fondement commun d’un ultime projet correspond une morale commune, universelle et qui s’appelle la morale de la vie quand son fondement est le respect de la vie humaine.
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