81 - Luttes sociales

Publié le par Ya Santal

DSC01150.jpg    Le libéralisme est une mécanique économique complexe et mondiale qu’il serait vain d’espérer faire évoluer par la seule volonté de pays isolés et encore moins sous l’effet de quelques coups de boutoir populaire.
   La cohérence de l’organisation économique libérale lui donne une telle puissance et une telle stabilité qu’elle n’est en rien affectée sous l’impulsion de luttes sociales par les modifications mineures de la répartition de la richesse produite.
   Ces luttes aboutissent à des marchandages qui ont pour effet au contraire de conforter le système. La satisfaction d’une partie des revendications apaise le climat social et la machine économique réunie ainsi les conditions pour continuer de tourner efficacement au service de la finance. Sa puissance lui permet de toute façon de reprendre peu à peu les avantages concédés. L’existence des syndicats dans leur fonctionnement actuel est un atout pour pérenniser le libéralisme dans ses règles actuelles.
   Les syndicats de tendance révolutionnaire en s’opposant aux dirigeants d’entreprises et plus généralement à la classe dominante se trompent d’adversaire. Ils ignorent ou feignent d’ignorer que c’est l’organisation libérale qui conditionne l’acteur économique à défendre ses intérêts professionnels. Les membres de la classe dominante ne sont pas forcément dépourvus d’altruisme. Ils sont eux-mêmes prisonniers d’un système qui s’écroulerait aux détriments de l’ensemble de la population s’ils ne défendaient pas leur propre situation.
   Ainsi s’impose à tous les acteurs économiques le libéralisme, avec sa loi du marché et sa fonction de centrifugeuse qui extrait l’argent du marché vers le capital. Chacun joue un rôle lié à son statut économique dans un scénario qu’aucun metteur en scène ne maîtrise, mais dont le jeu exclut impitoyablement les acteurs qui ne respectent pas les rêgles.
   Dans la perspective d’une lutte pour l’évolution du libéralisme et pour tenir compte de l’organisation actuelle du monde, La lutte de classe est un concept qui n’est plus approprié. Cette lutte oppose des hommes entre eux comme si aujourd’hui une classe dominait l’autre  uniquement par la contrainte physique. En fait, ce sont les règles de l’organisation qui imposent aux acteurs économiques la conduite de leur comportement.
L’évolution de l’économie libérale se réalisera non pas en luttant contre des hommes, mais plus efficacement, en militant pour une évolution des règles économiques.
   L’organisation de la production et du commerce ainsi que la répartition des richesses sont régies par des règles mondiales. Grâce à la démocratie, le pouvoir politique a la capacité de redéfinir ces règles en faveur de ceux qui souhaitent une évolution.
   Il revient aux partis politiques avec l’aide de spécialistes de travailler sur les règles du libéralisme pour faire des propositions. Quant aux syndicats qui respectent la démocratie leur devoir est d’accepter de représenter les salariés auprès des dirigeants d’entreprise sans être le bras armé d’un parti politique.
   Le débordement politique de l’action syndicale trahit la démocratie par le fait qu’il réduit la compétition des idées à un simple rapport de force non représentatif. Aujourd’hui, les grèves dites générales n’ont pas d’autres effets que celles d’un sabotage de l’économie. Leur utilisation place les syndicats en position de tricheur face à la démocratie. Ils s’octroient le pouvoir de la rue faute de bénéficier de celui du Parlement.
   Le libéralisme a fait progresser l’humanité. Il a imposé la liberté comme valeur fondamentale et permis à un plus grand nombre de jouir du progrès.  On découvre aujourd’hui ses limites et ses lacunes. Le réalisme nous impose d’accepter ses qualités et de réfléchir pour améliorer ses performances morales. L’économie libérale est une belle mécanique, mais son moteur est polluant et répartit très inégalement la richesse produite.
   La finalité du libéralisme procède davantage de son organisation que de ses défenseurs. C’est cette organisation qui doit être l’objet de la lutte et non les hommes qui l’animent.
Seule une réflexion réformiste soutenue par des mouvements syndicaux et politiques à l’échelle nationale et internationale pourra engager le libéralisme dans la voie de la réforme.
   Les modifications de règles du fonctionnement du libéralisme et les propositions d’expériences d’organisations nouvelles suggérées par des spécialistes adhérant à la Morale de la vie donneraient aux syndicats qui les soutiendraient une stature qu’ils ont perdue aujourd’hui.
   En abandonnant leurs escarmouches dérisoires contre le libéralisme, et en inscrivant leur action dans une stratégie sinon planétaire au moins européenne les syndicats verraient leur rôle plus clairement défini aux yeux des travailleurs dans l’évolution générale de la société. La fonction de défense des droits des travailleurs strictement à l’intérieur des entreprises et celle de mobilisateur des masses pour affirmer leur soutient aux réformes du libéralisme, réhabiliteraient à coup sûr leur image auprès de la population.
   L’Europe présente un terrain favorable pour être un creuset d’idées. Elle dispose de la puissance pour se faire entendre si les voix à l’origine disparates savent s’unir sur une méthode réaliste d’évolution de l’organisation libérale.

Publié dans La politique

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